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Ces œuvres font partie d’un travail photographique et plastique évolutif en lien avec le rapport que l’être humain entretient avec son corps, comment il le perçoit, l’habite, le ressent. Je me suis posée la question suivante : Mon corps m’appartient-il vraiment ? Est-ce que je regarde mon corps à travers mon regard ou celui d’autrui ?

Dans le monde actuel, nous semblons estimer notre valeur à partir du regard que l’autre peut porter sur nous. Pas à travers notre propre regard, mais celui de l’autre et c’est ce qui crée une partie du mal-être chez les êtres humains. Ces maux que l’on ne voit pas et qui se cachent à l’intérieur de notre enveloppe corporel.

C’est l’intérieur de cette enveloppe que j’explore, ici à travers la femme, à son rapport au corps, à la sexualité, comment elle se sent dans la société dans laquelle elle vit.

La photographie ne suffisait pas à exprimer que la perception que l’on se fait de notre corps à un impact sur notre psychisme. Le transfert-photo m’y a aidé en apportant la brutalité, l’incontrôlable, la spontanéité d’un geste dans l’instant et dans le ressenti. J’ai choisi de ne pas seulement prendre des papiers sans accroc, ils sont vieillis, jauni mais ils sont la représentation de l’imperfection de nos corps, et c’est parfait comme cela.

Cette démarche est celle d’une déconstruction de la relation que l’on entretient avec notre corps pour en construire une nouvelle, à travers notre propre regard.

« Si vous êtes poète, vous verrez clairement un nuage flotter dans la feuille de papier. Sans nuage, il n’y aurait pas de pluie ; sans pluie, les arbres ne pousseraient pas ; et sans arbre, nous ne pourrions pas faire de papier. Le nuage est essentiel pour que le papier soit ici devant nous. Sans le nuage, pas de feuille de papier. Ainsi, il est possible de dire que le nuage et la feuille de papier “inter-sont”. En regardant encore plus en profondeur dans cette feuille de papier, nous y voyons aussi le soleil. Sans soleil, la forêt ne pourrait pousser. En fait, rien ne pourrait pousser, nous ne pourrions pas nous développer. Par conséquent, nous percevons aussi la présence du soleil dans cette feuille de papier. Le papier et le soleil inter-sont. »

Le Coeur de la Compréhension
Thich Nhat Hanh